Momo
Parting Line
6 Fév. - 26 Avr. 2020
Collection Hangar 107
L’exposition que le Hangar 107 consacre à MOMO vient clore un cycle institutionnel commencé en 2019 à Toulouse et à Nancy. Rare en France, l’artiste américain y a d’abord créé une première œuvre murale dans le cadre de Rose Béton. Il en a réalisé une seconde à Nancy, grâce à un partenariat avec le musée des Beaux-arts de la ville.
Ces deux interventions sont venues souligner un peu plus ce que nous défendons depuis l’ouverture du Hangar 107. A savoir que le “street art” n’est pas condamné à la facilité, et peut donner lieu à des démarches originales, et capables de concilier cultures populaires et exigence esthétique. MOMO est emblématique de cette exigence. Il partage avec Craig Costello, Tania Mouraud ou Tilt un goût pour l’expérimentation et l’abstraction. Mais il a aussi un parcours singulier, qui lui donne des airs d’OVNI.
L’artiste américain a toujours cheminé hors des sentiers battus. Son œuvre s’est développée au gré de voyages et de découvertes, au contact de traditions et pratiques murales très diverses. Elle hérite aussi d’une influence assez inhabituelle dans le champ de l’art urbain: celle du code informatique et de l’art génératif. Pour comprendre sa démarche, il faut imaginer l’artiste en globe trotter parcourant le monde avec son sac à dos, et peignant des aquarelles pour gagner de quoi continuer sa route. Il faut aussi cerner tout ce qu’il hérite de la culture numérique – de la musique techno à la programmation informatique. Chez lui, l’art est tout à la fois un processus expérimental et une manière de s’inscrire politiquement dans le monde. C’est d’ailleurs ce qui rend son travail si précieux : de l’invention d’outils bricolés au service de protocoles picturaux, à son approche subtile de la couleur et des compositions, MOMO creuse un sillon bien à lui, même si l’on pourrait lui reconnaitre une certaine parenté avec l’art optique.
Après Toulouse et Nancy, lui manquait une exposition monographique qui puisse donner toute la mesure de son originalité au public français. Elle a donc lieu à Rouen, où l’artiste présente une série de toiles et d’installations in situ. Les œuvres présentées au Hangar 107 sont à son image : puissantes et ingénieuses, bref inclassables.