“Il y a aujourd’hui tout autour de nous une espèce d’évidence fantastique de la consommation et de l’abondance, constituée par la multiplication des objets, des services, des biens matériels, et qui constitue une sorte de mutation fondamentale dans l’écologie de l’espèce humaine.” Jean Baudrillard

Frédéric Battle, alias ZOER, est un enfant de la société de consommation. Son monde, c’est celui des objets : jouets, voitures, mobilier, appareils électroménagers, accessoires en tous genres…. Aussi loin qu’il se souvienne, leur abondance l’a toujours fasciné. Elle l’a conduit très tôt vers le dessin, puis la peinture. Dans ses muraux, toiles et installations, l’artiste y revient toujours : pour lui, l’objet est une porte d’entrée vers notre époque, ses modes de vie et ses idéaux.

A la croisée de l’expérience intime et de l’anthropologie du quotidien, Le mouvement des choses met en scène une histoire contemporaine des objets qui nous entourent. L’exposition se parcourt comme un récit. Zoer y glisse de l’enfance à l’âge adulte, de la fascination à la désillusion, de la magie au réalisme. Au cours de cette traversée du monde matériel, l’objet change de forme et de statut. De fétiche aux propriétés surnaturelles, il devient l’indice d’un modèle économique en voie d’épuisement, et peut-être, à l’horizon, la strate géologique d’une ère déchue.

Pourtant, cette trajectoire n’exclut pas l’optimisme. Derrière l’accumulation et la convoitise qu’elle suscite, Zoer suggère aussi d’autres manières de disposer des choses. Dans les embarcations de fortune, dans les communautés nomades et les marges de la société de consommation, l’usage frugal et pragmatique des objets trace peut-être à l’humanité une voie vers l’émancipation…