Olivier Kosta-Théfaine
Cette sorte de sourire que sont parfois aussi les fleurs, au milieu des herbes graves
16 Déc. 2020 - 28 Fév. 2021
Collection Hangar 107
Les œuvres présentées au Centre d’Art Contemporain ont été également accompagnées d’une installation monumentale à l’abbatiale Saint-Ouen au cours de l’année 2021.
« Cette sorte de sourire que sont parfois aussi les fleurs, au milieu des herbes graves ».
Le titre, emprunté à l’auteur suisse Philippe Jaccottet, est aussi poétique qu’énigmatique. Derrière lui se cache la première exposition rétrospective des œuvres d’Olivier Kosta-Théfaine. Pour le Hangar 107 à Rouen, l’artiste a réuni un ensemble représentatif de pièces originales ou réinterprétées qui ont jalonné sa carrière jusqu’à aujourd’hui, tout en prenant soin d’en proposer des nouvelles.
S’il pose, pour la première fois, un regard rétrospectif sur vingt-cinq ans d’une production plastique singulière, il offre aussi la possibilité d’embrasser une production jusque-là présentée de façon éparse. Et c’est dès l’entrée du centre d’art, dans cette antichambre qui sépare le lieu d’exposition du monde extérieur, qu’il intervient en appliquant de façon obsessionnelle et aléatoire la flamme d’un briquet sur la totalité de la surface du plafond. Celui-ci se couvre alors de motifs abstraits pour composer une symphonie visuelle. Olivier Kosta-Théfaine vient du graffiti, un art issu des banlieues, comme lui. Il incarne une sorte de transfuge de classe artistique.
Passé de la rue à galerie, il choisit comme outil le langage populaire, applique à la création plastique les codes du vandalisme, trop souvent associés à l’oisiveté des jeunes de cités. Dès 2005, il s’applique à réaliser des plafonds brûlés au briquet, à la manière de « ceux qui squattent les cages d’escaliers ». Cependant, le résultat est envisagé d’un point de vue artistique.
Il est validé, admiré, par ceux-là même qui le dénoncent comme une méthode de dégradation lorsqu’elle s’opère dans les immeubles de banlieue. « Souvenirs des Indes » (2011), œuvre sous vitrine dans laquelle se percutent urbanisme et exotisme, vient confirmer cela. Présentés comme des objets précieux, les morceaux de béton proviennent en fait des décombres d’un bloc d’immeubles HLM, la cité des Indes, dynamité en 2010. En les rendant inaccessibles, ils les sacralisent, suscitant la curiosité du visiteur pour mieux le confronter à une réalité qui n’est pas la sienne, celle de la relégation des espaces périphériques.